Author: vincent


Ultra Trail Guatemala 2019

Comme je l’ai souvent évoqué la pratique du Trail est une formidable opportunité de découverte et de rencontres. Je n’ai jamais été aussi bien accueilli que running aux pieds. Les barrières tombent, les langues se délient et les portes s’ouvrent bien plus facilement qu’à l’habitude. Le trail est un prétexte à la découverte. 

Cette année 2019 en a été le parfait exemple. Riche en rencontres, riche en découvertes… Mais l’annulation des Templiers me laissait sur un petit goût d’inachevé. J’avais encore de l’énergie et de l’envie. Il me fallait un dernier challenge, loin de la France si possible, une dernière opportunité de découverte et de voyage.

Je me renseigne, je fouille les calendriers de courses. J’ai quelques pistes en Asie, en Afrique mais une course me titille. L’Ultra Trail du Guatemala, un 100km, 6500m de d+ et 3 volcans à gravir.  Cette course je l’avais repéré il y a un an par le récit de Mathieu Blanchard, un très bon coureur français vivant au Canada. Il avait remporté la dernière édition. Je le contacte, il me dit que cette course est un de ses meilleurs souvenirs, il a pourtant bien baroudé et a fait pas mal de courses dans le monde entier. Son récit et ses photos m’inspirent. Je contacte les organisateurs, ils sont prêts à m’accueillir. 

@chavavite m’envoie entre temps les vidéos et le récit d’un influencer/blogger voyage Bruno Maltor. Les vidéos sont dingues ( ici et ici ) et spécialement la montée au Fuego, un volcan encore en activité et sur l’Acatenango a près de 4000m d’altitude. C’est validé nous prenons les billets et direction Guatemala!

La porte d’Antigua

Mardi 19 octobre. Aéroport de Genève

Nous nous présentons au comptoir d’enregistrement, mais mon passeport ne passe pas.  Je viens de le refaire et nous avons une escale a New York. Il faut obligatoirement l’ESTA pour passer aux US. Charlotte l’a, moi non. Je n’y avais pas du tout pensé. Petit coup de pression. Le personnel de l’aéroport nous dit qu’une fois la demande ESTA déposée il y a un délai de 20 min à 3 jours pour avoir la réponse. Le comptoir ferme dans 1h30, je fais la demande en ligne en urgence et patiente sagement en rafraîchissant toutes les 5 min la page du gouvernement américain pour voir si le permis est délivré. Les chances sont fines mais j’y crois. 30min plus tard mon ESTA est validé direction Guatemala! Enfin dans 17h de voyage, 3 vols, 5h d’escale à New York, 2h a Houston et 7h de décalage horaire 🙂 . Le Guatemala ça se mérite. 

Sur place l’organisation de la course nous accueille et vient nous chercher à l’aéroport, direction Antigua où se déroulera la course dans 3 jours. 

L’idée de ces 3 jours est de s’imprégner, repérer les lieux et tenter de se faire une petite acclimatation en montant sur un des volcans de la course. L’orga me met en contact avec un coureur local et nous voilà dès le lendemain sur les pentes de l’Acatenango. Un volcan culminant à 3976 mètres d’altitude et qui sera le point culminant de la course dans quelques jours.

Mercredi 20 octobre. Volcan Acatenango

Après contact avec Romeo le coureur local, il nous dit être dispo toute la journée et nous demande quelle heure nous arrangerait pour y monter. Nous lui demandons si un petit coucher du soleil serait possible. OK pour lui, nous partons à 13h car il y a 1h de voiture puis 1600m de d+ soit environ 2h30 de montée. 

Nous arrivons au départ du chemin de la rando. Nous sommes direct dans le bain, la pente est raide et glissante. Un mélange de sable et de roche volcanique. Il faut s’employer pour avancer surtout que nous sommes déjà à 2500m d’altitude. 

Le chemin serpente dans la jungle nous avançons a un rythme tranquille sans trop se mettre dans le rouge entre le voyage et l’altitude l’idée est de ne pas trop créer de la fatigue avant la course. 

Nous sommes en partie dans les nuages mais a 3000m nous sortons de la jungle et passons au dessus. Nous apercevons le volcan de l’Agua. Le spectacle est magnifique. Nous continuons notre montée. Les 400 derniers mètres de deniv sont vraiment durs, nous sommes sur le parcours de la course et nous nous enfonçons a chaque pas. Il faut beaucoup d’énergie pour avancer. Finalement le sommet. Le spectacle est magique. Coucher du soleil a presque 4000 mètres avec, en toile de fond, le Fuego en éruption devant une mer de nuage. Spectacle hors du temps. C’est très fort, j’ai rarement vu un paysage aussi beau. 

Mais il commence a faire froid nous ne sommes pas trop couvert et la nuit arrive. Nous redescendons en courant à la lumière de la frontale. Moment incroyable. 

Cette reconnaissance a été hyper importante pour moi, j’ai pu m’imprégner de l’atmosphère et voir comment je pouvais réagir à 4000 mètres d’altitude sur les sentiers de la course. 

Le jeudi est passé à visiter la ville et se reposer un peu. J’étudie aussi le parcours, il s’annonce rude et inédit. 100km // 6500 de d+ un bon ratio que l’on pourrait trouver dans les alpes. Sauf que ce n’était pas tout à fait comme dans les alpes….

Vendredi 22 octobre

Le départ de la course est a minuit dans la nuit du vendredi au samedi. Jamais facile à gérer ce genre d’horaire, surtout a l’autre bout du monde après un décalage horaire de 7h il y a 2 jours.

La journée commence par un petit dej, balade sur un des point de vue de la ville le matin, sieste, préparation de mes affaires puis on trouve un super petit restau végétarien où je m’enfile un bon bouddha Bowl + un jus multifruits spiruline vers 16h00 le top! Retour à l’hôtel vers 17h et là je m’allonge et dors pendant 3h, idéal j’en aurais pas demandé autant!

Repas d’avant course

A 23h, j’enfile mes affaires, je mange une banane, avale du double expresso et file en tuktuk vers la ligne de départ. 

Coté matos je fais dans le classique avec mes partenaires qui m’accompagnent depuis quelques années:

Samedi 23 novembre. 0h00

Départ de la course. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a 2 courses : le 77km et le 100km. Les parcours sont communs et les coureurs du 100km font exactement le même parcours sauf qu’à l’arrivée des 77km, les coureurs du 100km font une boucle en plus. 

Au départ du 77km je sais qu’il y a un très bon coureur, l’argentin Gabriel Rueda. Il a, entre autre, fini 9ème de la TDS en 2019, solide. Il ne fait que 77km il devrait me faire un peu mal. Dans mon plan de course, j’aimerai m’accrocher à lui le plus longtemps possible. 

Partie I. Volcan de l’Agua

En guise d’échauffement la première partie de course est une montée de 2000m de d+, nous montons au sommet du Volcan de l’Agua. La première partie de cette montée se fait sur route pendant 7 kilomètres puis 7 kilomètres dans la jungle sur les pentes du volcan. Je me sens bien, un coureur local m’accompagne sur la portion de route puis dès que nous attaquons les sentiers je me retrouve seul à l’avant de la course. A la lueur de la frontale, seul dans la jungle, il est parfois peu évidement de trouver son chemin, a plusieurs reprises je pars dans la mauvaise direction. Mais sous les conseils de Mathieu Blanchard j’ai rentré le parcours sur ma Polar Vantage V et je m’aiguille souvent avec pour garder le bon cap. Je prends un bon rythme mais sans en faire trop et me retrouve au sommet en bonne forme. La suite sera tout autre. 

Je bascule dans la descente, dans la nuit sombre des pentes de l’Agua. Le premier kilomètre est terrible je descends de plus de 500m de deniv. Je fais vraiment attention à mes appuis car la visibilité est bonne mais beaucoup de végétation basse m’empêche de voir où je pose réellement les pieds. 

Puis j’entre dans la jungle. A ce moment je vais vivre quelque chose que je n’ai jamais vécu en course ni même en dehors. Je suis seul à ouvrir un chemin quasi inexistant dans une végétation plus que dense dans une nuit noire et obscure. Le moment est assez irréel. C’est la guerre, je me bats pour ne pas glisser, ne pas tomber. Il y a des lianes, des troncs, de la végétation de tous les côtés. Je dois escalader, ramper, je perds ma frontale des dizaine de fois. Je donnerais tout pour échanger mes bâtons contre une machette à ce moment là. La pente est toujours aussi raide, je glisse, je me tords les chevilles et je manque plusieurs fois de me casser le tibia en restant coincé dans des lianes et des racines. Je déploie beaucoup d’énergie pour avancer. Cette partie est a faire pâlir les forêts des Guérilleros de Colombie. 

Depuis combien de temps je suis dans cette jungle? Je ne sais pas, je n’ai plus la notion du temps, j’ai l’impression de ne pas avancer pourtant je suis toujours à l’avant de la course et personne ne me rattrape. 

Finalement, la végétation s’éclaircie, je retrouve un sentier puis un jeep track qui m’emmène au village du premier ravitaillement. J’ai fait a ce moment 22km 2000 de d+. 

Après analyse de cette descente j’aurais mis environ 1h30 pour descendre 2200 mètres de dénivelé négatif. 

La pause est la bienvenue, je prends le temps de m’asseoir, d’enlever mes chaussures pour évacuer le sable et bien me ravitailler pour attaquer la suite sereinement.

Partie II. Fueguo + Acatenango 

La suite est simple. Nous sommes à 1370 metres d’altitude et il faut monter au sommet de l’Acatenango en passant par les pentes du Fuego. Une ascension d’environ 2600 mètres de dénivelé positif coupée d’une petite descente de 200 mètres entre les deux volcans. 

Au ravito, je vois revenir Gabriel. C’est plutôt cool car il fait encore nuit noire et à deux c’est plus facile de se repérer même si nous nous trompons de route une fois et perdons 5 bonnes minutes. Rien de bien important le chrono est vraiment secondaire.

On discute, ça passe un peu le temps. Il m’explique qu’il a passé 3 mois cet été en Europe et un bon mois aux Saisies pour preparer la TDS. Il a adoré et compte revenir en 2020.

Mais notre discussion commence à s’essouffler, les pentes deviennent raides voir très raides. Nous entrons une nouvelle fois dans la jungle. Je prends mon rythme, Gabriel lâche quelques mètres puis je ne vois plus la lueur de sa frontale. La montée est difficile, raide et monotone mais rythmée par les cris des singes et le chant des oiseaux. La végétation est dense mais le chemin est plus visible et mieux tracé que sur la descente de l’Agua. Le Fuego gronde, lorsque la vegetation est plus claire j’aperçois la lave en fusion couler sur ses pentes du volcan, le spectacle est saisissant. 

Et l’aube vint après la nuit, les premiers rayons du soleil percent et réchauffent très rapidement l’environnement. Je continue de monter inlassablement et sors progressivement de la forêt. Les lumières sont incroyables, je suis au pied du Fuego. La scène est magnifique. Je regarde ma Polar cela fait 7h que je suis parti, j’ai fait seulement 34km et 4100 de dénivelé il doit me rester encore 1000 mètres pour monter au sommet de l’Acatenango. 

7h07 // 34k // 4109 d+

J’arrive au ravito sur le col entre les 2 volcans, je vois Gabriel au loin il doit être 5 minutes derrière. Je me ravitaille, enlève une couche car le soleil commence à taper et repars a l’assaut de l’Acatenango. Je me retrouve sur un petit sentier en balcon avec une vue magnifique sur le volcan de l’Agua. C’est magique, sans doute un des plus beaux moments de la course. Je continue de monter et vois ma montre se rapprocher des 3500m d’altitude, je n’arrive plus à respirer et garder le rythme. Je suis un peu malade et enrhumé depuis 15 jours et chaque respiration me fait tousser. La progression est difficile nous avons rattrapé le sentier que nous avions repéré 3 jours plus tôt. J’ai quelques repères ça fait du bien mais je sais ce qui m’attend et le sommet est encore loin. Il faut déployer beaucoup d’énergie pour avancer. A chaque pas le pied s’enfonce dans le sable volcanique. J’ai un coup de moins bien, à ce moment là Gabriel revient sur moi à vitesse grand V. J’essaie de m’accrocher et relancer pour qu’il me rattrape pas trop loin du sommet. Finalement nous y arrivons ensemble. 3976 mètres d’altitude. Les stats sont incroyables à ce moment là. Nous venons de monter 2600m de dénivelé positif en 14km avec une petite descente de 200 de D- au milieu. J’ai mis 4h40 pour faire ces 14km. Cela fait 9h que nous sommes parti et nous n’avons fait que 40km. Hallucinant. 

Au sommet on profite et on prend le temps de quelques photos et vamos dans la descente!

Une descente de 1600 de dénivelé en 6km, j’ai fait cette partie lors de la reco je sais que la descente est joueuse sur un petit single track roulant mais pentu. Un régal.  

Gabriel engage dans la première partie. C’est un vrai bac à sable. On s’enfonce mais on peut vraiment lâcher les chevaux sans réfléchir. Le seul truc c’est que nous avons du sable plein les chaussures. On s’arrête pour les enlever et les vider puis c’est reparti dans le single bien sympa roulant et ponctué de virages en épingle et de relances. On engage chacun notre tour c’est vraiment cool je prends beaucoup de plaisir. 

Nous arrivons au ravito du 50ème kilomètre où nous retrouvons nos drop bags. J’en profite pour changer de chaussettes (Mid socks Compressport) pleine de sable et boue de la jungle matinale. Bonheur du matin ce changement de Socket :-)) 

Je fais le plein de boisson, recharge en gels et barres. Gabriel repart 30 secondes avant moi et je lui emboite le pas.

Partie III. En route vers Antigua

La suite ne va pas être des plus agréable. Nous devons rejoindre la ligne d’arrivée à Antigua où nous arriverons au terme des 77 premiers kilomètres et où la course de Gabriel prendra fin. Je devrais rallonger d’une boucle d’environ 20km. Sur le papier ça pourrait aller, sauf que les 27km à venir vont se dérouler à 80% sur la route avec la circulation, les 20% restant sur une large piste de 4×4. 

Dès la sortie du ravito nous attaquons la route, je reviens assez facilement sur Gabriel, il me dit que ca va être long, qu’il n’est pas trop à l’aise sur les portions roulantes et met ses écouteurs pour se motiver. Je prends le relais et prends mon rythme sans trop forcer. 

Nous descendons un col sur la route. A mon rythme, je lâche Gabriel. Les kilomètres s’enchainent et je ne le vois bientôt plus derrière moi. C’est très monotone, nous nous retrouvons en fond de vallée sans vraiment de paysage. Au bout de 12km, je retombe sur un ravito et décide de l’attendre. Il n’arrive que 2/3min après. Je me dis que c’est mieux de partager ces kilomètres difficiles ensemble. On repart et tentons de garder le rythme. Nous sommes sur la route et traversons des villages. Les gens paraissent étonnés de nous voir mais l’ambiance est sympa et les locaux nous encouragent. La route est ouverte à la circulation et nous courons sur le bas côté sur une sorte de bande d’arrêt d’urgence. On a connu mieux mais on s’adapte. La chaleur également commence a être vraiment pesante mais finalement nous arrivons dans les contreforts d’Antigua. Gabriel va savourer sa victoire et le record de l’épreuve. 

Pour moi ce n’est pas vraiment fini, il me reste 20km et 1000m de d+. J’ai fait 75km environ et j’avoue que me retrouver tout seul me met un petit coup sur la tête. Charlotte est là, ça me réconforte mais  la chaleur est pesante, et je suis à sec niveau boisson. Je pensais avoir un ravitaillement du côté de la zone d’arrivée mais il n’en est rien. J’ai un petit billet sur moi, je m’arrête dans une petite échoppe m’acheter un coca bien frais. Heureusement car le ravito suivant était 1h après. Je sais que le 2ème est à 1h30 derrière le rythme est plus cool sur cette dernière boucle. Je monte dans la jungle sur un chemin de 4×4 pour atteindre le sommet. Cette partie est interminable. J’atteins finalement le sommet puis redescends. Les jambes sont revenues. J’enquille. La fin est proche et j’ai envie d’en finir.

J’arrive sur la zone d’arrivée, Charlotte est là pour m’accueillir. Marie et son copain du restaurant KiaOra à Annecy en vacances dans le coin sont là aussi et sont venus exprès m’encourager, ça fait plaisir! 

Je coupe finalement la ligne en 14h42 pour 95km et 6500 mètres de dénivelé positif. Une première partie de course exceptionnelle, une deuxième un peu moins mais une expérience globale incroyable. Courir sur les pentes d’un volcan actif et en éruption a été magique. 

Le soir, Jorge le créateur de l’agence Wicho & Charlies à Antigua nous propose de remonter sur l’Acatenango et passer la soirée au coin du feu dans son base camp le lendemain. Je ne sais pas si les jambes suivront 24h après presque 100km mais finalement nous y remontons. L’allure est lente, le pas est lourd, l’énergie me manque. Je peine à suivre le groupe mais finalement le spectacle est de nouveau saisissant. 3ème montée de l’Acatenango en 5 jours et 3ème spectacle à couper le souffle. Nous passons la soirée devant le Fuego, le volcan actif dont le cratère est à à peine 2 kilomètres à vol d’oiseau. Impressionnant.  

La suite sera plus calme, nous restons une dizaine de jours pour visiter le pays. Lac Atitlàn, Semuc Champey , Temples mayas de Tikal. 

Le Guatemala nous aura gâté dans la diversité de ses paysages. Un magnifique pays encore préservé et authentique. Une très belle découverte. 

Gore Tex Transalpine Run 2018

TAR 2018

A la base faire équipe ensemble ne sautait pas forcément aux yeux. On fait pas la même taille. On a pas le même coiffeur. On a pas les mêmes qualités physiques. Je ne parle pas Corse

Mais il y a des choses universelles….

L’amour de la montagne nous a uni. Le goût de l’effort nous a soudé. On s’est dépassé tous les jours pour venir à bout de cette Gore Tex Transalpine Run et aller chercher cette 3ème place. Retour sur une semaine exceptionnelle…

Tout débute le 15 Juillet 2018

Je suis sur le bateau pour me rendre en Corse lorsque que je reçois un appel. R.B : « Vincent, je cherche un coureur pour former une belle équipe pour faire la Transalpine Run, en septembre prochain. Tu connais ? Cela pourrait t’intéresser ? » V.V : «  Bien sûr que je connais ! Je suis cette course depuis des années, c’est dans ma to do liste des trails à faire. Laisses moi quelques jours pour y réfléchir. Au fait ce serait qui le binome ? R.B : « Guillaume Peretti »

Ok. Je débarque en Corse, on me propose une aventure d’une semaine, 265km et 16000 de D+ à partager avec un des meilleurs coureurs insulaire et détenteur du record du GR20 il y a quelques années. L’affaire est très tentante.

Le dilemme est que je suis inscrit à la TDS quelques jours avant le Transalpine Run. La TDS est un de mes objectif 2018. Mais je quitte Paris la semaine de la TDS et doit emménager à Annecy. Je ne suis pas sur à 100% de pouvoir faire la TDS. Il ne me faut pas longtemps pour prendre ma décision, je saisis cette opportunité de vivre un moment unique et hors du commun. J’appelle Guillaume « Guillaume, chaud pour 260km ensemble? » Guillaume était évidement bouillant ! C’était parti pour l’aventure !

On s’organise une petite sortie en montagne durant l’été avec Guillaume. 40km plus tard, le duo est soudé. Guillaume m’a fait découvrir une partie de son terrain de jeu, une incroyable balade du côté du Monte Renoso. Tout y était réuni pour passer un bon moment: sommets, GR20, Pozzi, Bergeries,… J’ai découvert un mec amoureux de la montagne, de son île et heureux le partager. Cette sortie m’a vraiment convaincu que notre team sera performante,  je rentre ultra motivé pour m’entrainer et confiant pour la suite.

La suite justement se passe pour le mieux j’ai enchainé les kilomètres tout l’été. Je me sens vraiment en forme et relativement serein pour affronter cette course même si 260km, on va pas se mentir ca va pas être de tout repos. 

Pour les néophytes, la Transalpine Run est une course en itinérance de 260km et 16000 de D+ repartis en 7 étapes. Il s’agit d’une course en duo qui traverse le Tyrol du Nord au sud en traversant 3 pays : Allemagne, Autriche et enfin l’Italie. Peu connu en France car un peu dans l’ombre de l’UTMB, Cette course est vraiment populaire en Allemagne et les places sont chères. 300 équipes sont inscrites depuis des mois. Beaucoup d’équipes allemandes évidement mais aussi un plateau international qui promet une belle bagarre.

Samedi 1 septembre 2018.

Départ pour Munich puis Garmisch Partenkirchen, lieu du départ de la première étape. Content de retrouver Guillaume, nous prenons nos marques, récupérons notre dossard + notre pack pour la semaine. Pasta Party, briefing de course nous sommes dans l’ambiance et nous avons hâte d’attaquer !

Dimanche 2 septembre. Warm Up

1èreétape : 43km // 2500 d+

Garmisch Partenkirchen à Nassereith

C’est le jour J, départ de la première étape. Sur la ligne se mêlent crispation et soulagement. Un savoureux mélange de sentiments contradictoires. Pour beaucoup cette épreuve est l’aboutissement de plusieurs années d’entrainement et de sacrifices.  Les coureurs sont vraiment contents d’être enfin là, mais l’appréhension et la peur de la suite se lit aussi sur les visages… Côté course on attaque dès le premier jour par une grosse étape. 43km au programme. Ca met dans l’ambiance direct.

 Le peloton est enfin lâché. Les 6 premiers sont kilomètres sont plat en fond de vallée et une équipe se détache très rapidement. Guillaume emboite le pas. Je suis. Les kilomètres s’enchainent rapidement à une moyenne de 3’45 au km. Nous sommes toujours avec l’autre équipe avant d’attaquer le premier sentier. Une longue ascension dans la foret.

 Dès les premières pentes les autres coureurs nous lâchent et nous prenons notre rythme. Le départ rapide a mis Guillaume un peu en surrégime mais nous gérons notre allure. Nous sommes peut être parti un peu vite mais au moins nous sommes dans la course et déjà à la bagarre.

Je suis un peu surpris de nous faire distancer si rapidement dans la pente. Guillaume et moi nous ne sommes pas les meilleurs coureurs du monde mais quand même se faire lâcher aussi facilement cela n’arrive pas si souvent. Plus tard nous apprendrons que l’un des coureur était un super athlète en demi fond avec des chronos de 13min25s sur 5000 et moins de 29min sur 10000. L’autre est en équipe d’allemagne de course en montagne. De sacrés athlètes.

On reprend finalement notre rythme. Deux autres équipes reviennent sur nous. Nous restons au contact. Au kilomètre 30 il y a un regroupement entre les 3 premières équipes, les premiers craquent complètement et on revient dans la course. Mais nous avons fait l’erreur aujourd’hui de ne pas prendre les bâtons et les 2 autres équipes s’échappent à l’occasion d’une dernière montée de 500 de D+ dans la boue ultra glissante. Nous ne pouvons pas suivre.

Finalement nous finissions à la 3èmeplace mais Mais les écarts sont vraiment serrés les 7 premières équipes se tiennent en 20 minutes et il reste 220km à parcourir… Nous sommes vraiment content et un peu surpris de ce premier podium. Nous sommes dans la course et nous avons jaugé aujourd’hui les différentes équipes. Il faudra être patient et la jouer finement pour être devant tous les jours. Mais nous n’en sommes pas là. Direction l’hôtel pour tenter de récupérer au maximum avant la prochaine étape.

Lundi 3 septembre

2ème étape 27km // 1300D+. Le jour sans.

Nassereith à Imst

C’est l’étape la plus courte et la plus roulante de la semaine. Le réveil est difficile, les paupières sont lourdes. A-t-on été trop ambitieux la veille? On se pose la question…

Quoi qu’il arrive nous y sommes, il faut courir et vite si possible. Mais dès le départ les jambes ne répondent pas. Guillaume est à la peine lorsque qu’il faut relancer sur les longues lignes droites monotones du parcours.

Au départ à la bataille pour le podium, nous perdons des places au fur et à mesure de l’étape. Nous coupons la ligne à la 7ème place, déçu forcement mais on y était pas. L’étape a été courte et les écarts sont finalement faibles. 5 min de la gagne. Nous reculons à la 4èmeplace au général. On se dit que demain est un autre jour…

Mardi 4 septembre

3rd Stage 53km / 3000d+ Back dans le game

Imst à Mandarfen

C’est l’étape reine de cette Transalpine Run, l’étape qui est redoutée par tous pour plusieurs raisons :

La distance tout d’abord, 53 kilomètres ce n’est pas rien surtout que nous sommes au 3èmejour de course et les organismes commencent à fatiguer. Ensuite le dénivelé. Les 2 premières étapes étaient plutôt « roulantes » sur des portions moyennes montagne.  Aujourd’hui nous attaquons les fort dénivelés, les chemins escarpés, les passages à plus de 2000m et les descentes engagées.

Nous avons la chance d’être invité par Gore Tex un des partenaires de Guillaume. Nous bénéficions d’un accompagnement au top sur la course. Massage à l’arrivée, transfert avec une navette Gore Tex, Hôtels vraiment confortables… C’est l’idéal pour optimiser la récupération.  Après 2 étapes difficiles justement, nous en avions besoin et nous nous sommes vraiment bien reposés. Guillaume est remobilisé. Le profil lui convient d’avantage et il a cœur de rien lâcher après notre 7èmeplace de la veille.

Sur cette étape nous avons décidé de ne pas nous affoler et de prendre notre rythme sans regarder les autres équipes. Après un départ prudent mais rythmé nous sommes autour de la 5èmeplace. Puis après 20km nous attaquons une longue ascension qui doit nous mener à plus de 2000 mètres d’altitude. Guillaume est concentré, focus dans sa course. Nous sommes 4èmeet revenons que les 3ème,une équipe du team Salomon Autriche. Au sommet Guillaume les passe et engage fort dans une longue descente de 10km nous les lâchons rapidement et au fils des kilomètres, nous apercevons les 2 premières équipes groupées. En bas de cette descente nous avons fais 42km nous sommes à 1min de la tête, les 4eme sont à plus de 4 min derrière. Mais problème, les 10 derniers kilomètres sont quasiment plat sur un chemin stabilisé en fond de vallée.

Les vieux démons ressurgissent. Alors que nous avions fait une superbe étape, Guillaume n’arrive pas à relancer et éprouve des difficultés à garder une bonne allure sur le plat. Nous voyons filer inexorablement les 2 équipes de tête. L’avance sur les 4èmefond également. Nous parvenons à garder notre 3èmeplace mais les 4èmesont revenus à moins de 30 secondes…

Le bilan de journée est très positif, même si nous avons perdu du temps sur la dernière partie nous sommes revenu dans la course. Toujours 4èmeau général mais les prochaines étape s’annoncent très alpines et vraiment plus à notre avantage ! Nous sommes motivé comme jamais.

Mercredi 5 septembre

Etape 4. 30k 2200 D+  A l’attaque !

C’est l’étape alpine de la semaine. Le ratio d+ km est important, passage à 3000m d’altitude, des parties techniques, un passage sur glacier et surtout quasiment pas de plat. Guillaume est remonté à bloc, il avait coché cette étape depuis le début et l’étape de la veille nous a vraiment conforté dans le fait que nous étions compétitif et dans les temps des premiers lorsque la pente s’inclinait et que les chemins devenaient plus techniques. Aujourd’hui on a décidé de se faire plaisir et d’attaquer…

Le départ est rude, surtout pour moi. On attaque direct par une montée sèche de 600m de d+ en moins de 2km. Je déteste ce genre de montée raide avec un fort dénivelé mais je m’accroche au groupe. Nous sommes les 4 premières équipes du général ensemble.

En haut ça devient plus roulant, je suis vraiment bien, je trépigne même, il y a une descente de 600 de d– cette fois. Je sais Guillaume à l’aise dans l’exercice. C’est parti je lâche les chevaux, je prends les devants du groupe et attaque la descente à bonne allure. Personne ne suit on prend quelques longueurs avec Guillaume. Puis vient l’ascension du jour presque 1200m de d+ pour monter au glacier. On calme nos ardeurs et on reprend notre rythme pour ne pas se bruler les ailes. 2 équipes nous passent mais nous restons au contact dans la montée. Le parcours est incroyablement beau, j’en prends vraiment pleins les yeux et profites du moment pour prendre quelques belles photos.

L’équipe leader accélère le rythme, nous ne les voyons plus, nous sommes à la bagarre pour la   2èmeplace avant d’attaquer la dernière descente de 10km. Nous avons basculé 2èmeau sommet mais l’autre équipe de lâche rien. A 6km de l’arrivée à la faveur d’une portion roulante, ils nous repassent. Guillaume est comme un fou, il rage et parle en corse… Mais il n’y a pas photo ils sont plus rapides sur le roulant. Les  4 derniers kilomètres sont en sous bois sur un chemin technique engagé et piégeux. Guillaume attaque comme un malade. On revient sur eux et on les passe sans un mot à une allure de fou, concentrés sur chaque pas pour finir l’étape en 2èmeposition.

C’est vrai, on aurait bien aimé gagner mais les premiers étaient au dessus. Après les 53km hier, cette étape a été éprouvante physiquement et les organismes commencent à être vraiment fatigués. Les écarts du jour sont importants malgré une étape relativement courte (30km) mais exigeante. On reprend 20 min au Autrichiens de Salomon qui finissent 5ème et on repasse 3èmeau général. Le contrat est rempli et le moral gonflé à bloc !

Jeudi 6 septembre

Etape 5. 37km/ 2200m d+ Le retour au calme

L’étape de la veille a laissé des traces. Tout le monde semble fatigué et nous aussi. Les jambes tirent… le départ est moins rapide et les relances sont moins tranchantes,

A partir d’aujourd’hui notre objectif est de gérer et conserver notre 3èmeplace au général. Les premiers sont à plus de 20 minutes et à moins d’une défaillance de leur part ils vont être difficiles à aller chercher. On prend notre rythme et on se retrouve finalement avec les premiers à mi course. Personnellement aujourd’hui je me sens un peu fatigué mais je ne le fais pas savoir à Guillaume qui est toujours concentrer pour perdre le moins de temps possible.

Etonnement sans avoir l’impression d’avoir fait une course rapide, à 8 km de l’arrivée nous pointons à une petite minute de la tête. Mais la raison l’emporte et nous n’attaquons pas dans la descente. On s’en tient au plan initial et assurons notre 3èmeplace. Nous n’avons jamais été aussi près de gagner, sans réellement le vouloir. Sans doute qu’une étape de la veille moins engagée nous aurait permis de l’emporter aujourd’hui. Mais pas de regret, nous sommes plus que jamais accroché à notre 3èmeplace, et on ne va pas lâcher !

Vendredi 7 septembre

Etape 6 : 33km et 2500m de d+  La gestion

Le profil du jour est encore bien engagé. On se prend même 2500m de d+ en 16km, puis descente jusqu’à l’arrivée. Les réveils sont de plus en plus difficiles après presque 200km en 5 jours, les muscles sont endoloris, les ligaments tirent, les articulations couinent, les yeux piquent mais le mental lui est toujours là. Nous sommes 3ème. Au briefing c’était : « On contrôle, on gère et on garde les pieds sur le podium. »

Aujourd’hui encore des montée sèches, des singles track à l’infini, des passages à plus de  2500m d’altitude,  des crêtes à couper le souffle. Et encore un plaisir immense à courir cette étape aux côtés de Guillaume. On est concentré, nous sommes au contact avec les deux premières équipes. Nous n’avons pas l’impression d’aller très vite mais derrière les écarts se creusent.

Nous finissons encore 3ème, 4h30 de course. Les équipes derrière ont lâché, physiquement et mentalement. Nous sommes fatigués comme tout le monde mais plutôt bien physiquement, ça sent bon pour l’arrivée. Nous n’avons jamais été aussi proche d’en terminer, les sourires envahissent les visages sur la zone d’arrivée. Demain c’est la finish line !!

Samedi 8 septembre

Etape 7 35km// 2100M d+ La délivrance.

Sentiment particulier aujourd’hui. C’est le dernier jour, personnellement je suis déjà nostalgique. Une famille s’est créée autour de la course. On a vécu 7 jours intenses physiquement mais aussi riche en découverte, en rencontre et en émotion. Peu importe le classement nous avons tous couru plus de 200km en 6 jours avant cette dernière étape et un sentiment de fierté se dégage sur la ligne de départ. Il reste tout de même 35km et plus de 2000m de dénivelé. Les deux premières équipes se tiennent en moins de 10min. Il va y avoir bataille encore. Pas pour nous. On en profite… L’étape est encore magnifique, les organisateurs nous on encore régaler avec un parcours à couper le souffle jusqu’aux derniers kilomètre. A 8km de l’arrivée, on arrive au dernier sommet. La vue est incroyable, on bascule sur une arrête. On prend le temps de quelques photos. Nous sommes 3ème. Les anglais nous rattrapent mais nous attaquons la descente assez fort, les anglais lachent.

3èmede l’etape mais surtout 3èmeau général de cette Transalpine Run. Le 1erpodium d’une équipe 100% française.

Cette course aura été magnifique, belle intense et dure. Nous avons profité à 100%. C’est une belle aventure qui nous a été offert. Un grand merci à Gore Tex pour l’aventure. Un grand merci à Guillaume pour le partage et l’engagement pendant la course, j’ai vecu un grand moment! 

Maxirace 2018 – Maxi 3eme place


La MaxiRace est pour moi une superbe épreuve du calendrier français. Tous les formats sont proposés et le niveau sur les différentes courses est toujours très compétitif.

C’est toujours un plaisir de venir ici que cela soit en course de prépa ou en objectif. Cela permet de réellement de se situer.

J’ai déjà couru 4 fois ici, deux fois la Marathon Race ( 22eme en 2012 et 5èmeen 2015) et deux fois la XL Race (2een 2014, 2een 2016) je connais vraiment bien le parcours et ses difficultés.

XL race 2016. Mollets bien affutés. Sebastien Chaigneau // Diego Pazos

En début d’année, je n’avais pas forcement prévu de venir, mais après un hiver studieux à l’entraiment il fallait que je me relance après l’épisode Ecotrail. J’ai donc voulu decourvir le format 85km de cette Maxirace.

Ultra Trail Cape Town 2017 // UTCT

Nous avons quitté l’Afrique du Sud le 29 juin 2017 après y avoir vécu près de 6 mois. Une ville merveilleuse, terriblement inspirante et aujourd’hui ouverte sur le monde.

Un petit coin de paradis et un pays fascinant. Une étonnante alchimie entre une histoire tourmentée, des paysages inoubliables et une faune sauvage qui donnent à ce pays un gout unique et plein de contraste.

J’y ai passé des centaines d’heures à courir, marcher, rouler et explorer des paysages étourdissants…

Nous avons prévu d’y retourner en cette fin d’année 2017 à l’occasion de l’Ultra Trail de Cape Town le 2 décembre. Cet événement comporte 3 courses : 35, 65 et le 100km comptant pour l’Ultra Trail World Tour. L’organisateur est devenu un ami et il m’a proposé d’y participer…

Cederberg Experience

Cederberg Experience. April 2017

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Cela fait maintenant  3 mois que nous sommes à Cape Town.

Nous apprécions vraiment notre vie locale.  Nous avons rencontré pas mal de monde, les locaux sont dynamiques vraiment fan de sport.

Il faut dire que la course à pied aide beaucoup à nous intégrer. Nous sommes inscrits dans un club local, grâce aux petits podiums que j’ai fait sur les courses du coin je commence à être intégrés aux groupes de bons coureurs locaux et participons régulièrement à certains community run notamment le Tuesday Trail.

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Stu across Cederberg

Stuart est une figure locale du trail running ici, c’est lui qui a créée ce groupe mais surtout c’est lui qui organise l’Ultra Trail de Cape Town depuis 3 ans.  Il m’a pris d’amitié et m’a proposé une invitation pour courir l’Ultra Trail du Drakensberg un 100km fin avril…